Mathieu Boogaerts, 2000 raisons de l’aimer
musique 12 sept 2007Dans mon esprit de mélomane patenté, l’album « 2000 » de Mathieu Boogaerts fait partie de ceux qui possèdent une place à part. Ce disque n’est certes pas récent (2002), mais le fait que je l’écoute encore aujourd’hui très régulièrement me donne envie d’en parler ici.
Cet artiste discret et (trop) peu médiatisé dégage quelque chose d’inhabituel qui ne laisse forcément pas indifférent. Décalé, lunaire, intimiste, rêveur, minimaliste, tous ces adjectifs mille fois entendus à son sujet ne sont pas illégitimes. Ils lui collent juste un peu à la peau, et il s’en amuse d’ailleurs dans la chanson « Na na na » qu’il chante en duo avec Vincent Delerm sur le double album anniversaire du label « Tôt ou Tard ». Mais Mathieu Boogaerts pour moi, c’est d’abord un univers à part, à la fois doux et chaleureux, des petites chansons tendres, tantôt souriantes ou mélancoliques. Inspirées par ses voyages en particulier en Afrique et par le reggae, musique dont il est inconditionnel, ses mélodies souvent rigolotes nous font dodeliner doucement de la tête, les yeux un peu dans les nuages.
Mathieu Boogaerts, tombé dans la marmite musicale tout jeune, crée à 18 ans un groupe (Tam-Tam) avec un autre Matthieu (avec deux « t » celui-là), un certain Chédid. Je trouve d’ailleurs intéressant de voir aujourd’hui à quel point les deux moitiés de Tam-Tam (Mat-Mat à l’envers) ont suivi des trajectoires si différentes. Pourtant plutôt introverti tout comme son ancien compère, sur scène Chédid se cache derrière un double, -M-, fantasque chanteur/guitariste, déguisement, gimmicks et lumières à l’appui. Festif, -M- rayonne, rassemble, soude, fédère autour de lui. Ses fabuleux concerts créent un lien privilégié entre son public et lui bien sûr, mais aussi entre chacun des spectateurs. -M- et son show font diversion quand Matthieu Chédid se dissimule dans la foule.
A l’opposé, j’ai l’impression que Mathieu Boogaerts n’a pas su, n’a pas pu ou n’a pas voulu se cacher. Sur scène comme sur ses disques, ses chansons semblent nous le montrer à cœur ouvert, assez dépouillé, et c’est d’ailleurs en partie grâce à cette impression qu’il touche tellement. Sur scène, pieds nus les deux fois que j’ai eu le plaisir de le voir, le rapport que Mathieu créé avec son public apparaît plus personnel, plus complice. Sa timidité nous ressemble un peu, ses hésitations sont les nôtres, ses petits pas de danse lentement aériens et chaloupés appelent des sourires, on se sent presque en tête à tête avec un ami d’enfance qui va nous parler de sa vie, nous raconter ses voyages.
Côté albums, Mathieu Boogaerts enregistre en 1996 « Super » grâce au succès de son titre auto-produit « Ondulé » dont l’excellent clip a été réalisé par Emilie Chédid (Mattieu jouant quelques guitares sur d’autres titres de l’album). En 1998, il sort son 2ème album « J’en ai marre d’être deux » puis après la sortie de l’excellent live « En public »… se fait jeter de sa maison de disque. C’est alors que l’excellentissime label « Tôt ou Tard » lui permet d’enregistrer son 3ème disque, « 2000 », sans doute mon préféré de sa discographie. Très mélodique voire entraînant avec des titres comme « Las Vegas », « Le ciment », « Tu es » ou « Quel été 2000 », plus arrangé que « Super » et moins torturé que « J’en ai marre d’être deux », malgré une ou deux chansons tristounettes (« Dom ») cet album me garantit à chaque écoute un rayon de soleil, une véritable bouffée d’air frais.
En 2006, l’ami Mathieu sort « Michel » son 4ème et dernier album en date. Plus brut, plus triste et mélancolique que « 2000 », ce disque n’en reste pas moins truffé de douces mélodies sorties d’on-ne-sait-où comme « Une bonne nouvelle », « Un petit peu de crème » ou le petit reggae « J’sais pas où t’es parti ». Leux morceaux « Siliguri » et « Keyornew » suscitent même un amusant étonnement, et malgré l’étrange titre « Appelez les pompiers » que j’ai souvent du mal à écouter jusqu’au bout, je trouve ce disque réellement excellent.
Une voix douce, des petits voyages romantiques, amusants ou mélancoliques, Mathieu Boogaerts n’est peut-être pas si rêveur ou lunaire qu’on le décrit, mais ceux qui écoutent ses chansons le deviennent sans doute bien souvent !
Site officiel : http://www.mathieuboogaerts.com/
Myspace (non officiel) : http://www.myspace.com/boomat
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- 2000
- Michel
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