Après un billet sur l’artiste que j’écoute sans doute le plus en ce moment, comment ne pas poursuivre sur celui que j’ai vu sur scène le plus de fois ? J’ai beau essayer de me remémorer la 60aine de concerts auxquels j’ai assistés dans ma vie, aucun artiste n’y apparaît plus souvent (7 fois) que cet homme-là : Tété.

Tété live Tout commence pour moi début 2001 lorsque Jérémie, un de mes meilleurs amis, enthousiaste, me prête « L’Air de Rien », 1er album d’un chanteur qui m’est alors inconnu. Superbes mélodies, rythmes changeants, guitare acoustique, voix bien posée et textes qui ne manquent pas de sens, dès les premiers morceaux j’accroche. Cet album plutôt blues/folk tournera alors en boucle des mois durant dans mon appartement et dans ma voiture. Dès le mois d’avril de la même année à Sarzeau (Morbihan), j’ai ensuite la chance d’assister à un concert du garçon (avec en première partie un artiste alors méconnu nommé… Sansévérino). Ce soir-là, la centaine de spectateurs est conquise par la prestation mais aussi par la personnalité attachante de Tété et de son groupe (un batteur et Evymoon le bassiste). Le début d’une histoire.


Mais qui est ce fameux Tété ?

Concernant sa bio, passons rapidement sur les versions officielle et collaborative que je vous laisse le soin de consulter par vous même. En résumé, d’origine sénégalaise, Tété a principalement grandi dans l’est de la France (Saint-Dizier), a fait des études à Nancy, puis comme de nombreux débutants a tenté sa chance sur Paris en multipliant les cafés-concerts et autres bars. Sur le plan discographique, après deux disques « 5 titres » puis son premier album remarqué (« L’Air de Rien ») en 2001, il a ensuite sorti un live (« Par monts et vallons », 2003), un 2ème album studio (« A la Faveur de l’Automne », 2004) puis « Le Sacre des Lemmings et Autres Contes de la Lisière » en 2006. Au-delà de son domaine de prédilection, la particularité de Tété réside également dans la diversité de ses centres d’intérêt. Très présent sur le web par le biais de son blog, il y publie régulièrement quelques billets d’humeur et surtout, des courtes vidéos dans lesquels il s’amuse parfois à se mettre en scène, et grâce auxquels il fait découvrir à ses lecteurs les dessous d’une tournée, un artiste ou un clip qu’il apprécie, une asso ou une manifestation qu’il soutient. Curieux et cultivé, Tété est entré pour moi dans la famille très fermée des artistes admirés qu’on se plairait d’avoir pour ami.

Ok ok mais ça ressemble à quoi ?

Imprégné d’influences aussi diverses que Bob Marley, Bob Dylan, les Beatles, Keziah Jones et un large éventail des productions de la musique noire-américaine (du blues au hip-hop en passant par la Motown), Tété est à l’évidence un guitariste hors-pair, un chanteur talentueux et un mélodiste efficace, mais possède également une écriture toute particulière racontant dans un français souvent lettré de petites histoires ironiques, grinçantes ou mélancoliques.

« L’Air de Rien » (2001) :

Tété, L'air de rien Le premier de ses trois opus studio, sans doute le plus folk et le plus posé, reste peut-être mon préféré (l’effet « découverte » ?), à tel point que je pense en connaître toutes les paroles par coeur. Des morceaux comme « Le magicien », « Me ressourcer », « Aisé », « Le bonheur » ou le remuant « Les envies » que j’ai très régulièrement en tête encore aujourd’hui, peuvent être je pense pour beaucoup d’entre nous des titres qui nous renvoient à autant de périodes de notre vie. Dans un genre moins personnel, « Passage Brady », le moqueur « Dodeline » ou le rythmé « Cousin Willy » racontent les histoires de personnages que nous avons sûrement tous déjà croisés un jour. Vous l’aurez compris, ce disque est une véritable pépite, et même si les deux disques suivants ont eu plus de résonnance dans les médias, « L’Air de Rien » mérite qu’on s’y attarde, que dis-je, qu’on s’y attache !

Concerts :

D’après mes souvenirs, après la sortie de ce 1er album, Tété se lance d’abord dans une série de concerts tels que celui auquel j’ai assisté à Sarzeau. L’année suivante, sans doute déjà àTété, Par monts et vallons pied d’œuvre sur des morceaux de son 2ème album, il s’offre une parenthèse lors de laquelle pour quelques dates, seul avec sa guitare acoustique dans une ambiance tamisée, il fournit une formidable prestation mélangeant morceaux de « L’Air de Rien » et titres inédits « en cours de gestation » de l’album qui suivra. Dans la superbe petite salle du Thy’roir de Ploërmel (Morbihan), à cinq mètres de la petite estrade qui sert de scène, j’assiste à l’un de ces fameux concerts intimistes, peut-être un des plus beaux de ma vie en terme d’émotions. Tout simplement fabuleux. C’est d’ailleurs à l’occasion de cette magnifique tournée qu’est enregistré l’album live « Par monts et vallons » sorti en 2003. Après ces quelques dates en solo, Tété que je reverrai entre autres à l’Olympic de Nantes repart sur la route avec son groupe.

« A la Faveur de l’Automne » (2004) :

Tété, A la faveur de l'automne Pour son 2ème album intitulé, Tété opte pour un univers moins « roots » et introduit de sublimes arrangements qui donnent à l’ensemble un son moins acoustique mais plus chaud, plus « enveloppant ». Egalement plus rythmé, le disque n’en est d’ailleurs pas dépourvu de purs tubes en puissance. A ce sujet, selon moi le très bon single « A la Faveur de l’Automne » souvent entendu sur les ondes et repris récemment dans une célèbre émission télé n’arrive malgré tout pas au niveau de titre comme l’entêtant « Ton Absence » (un bijou !), l’amusant « Inspirations et circonstances », le sautillant « Emma Stanton » ou la caustique « Ballade de Oogie Tsuggie ». Quoi qu’il en soit, ce superbe 2ème album aux textes toujours aussi riches nous fait découvrir l’ami Tété sous un angle plus pop et plus enjoué, ce qui est d’ailleurs de bon augure pour la tournée qui suit.

Concerts :

Pour les nombreuses dates qui suivent, soutenu par un groupe d’excellents musiciens (dont un nouveau bassiste impressionnant), Tété assure le show avec un bonheur contagieux et une complicité toujours aussi forte avec le public. Sur la scène des Vieilles Charrues en 2004, devant 40 000 personnes, je constate qu’il gagne en assurance et prend toute la mesure de l’événement (ce qui n’est pas toujours évident pour une première prestation à Carhaix).

« Le Sacre des Lemming et Autres Contes de la Lisière » (2006) :

Tété, Le sacre des lemmings et autres contes de la lisière Le dernier album en date creuse un peu plus le sillon pop et rythmée tracée par l’opus précédent. Le son sonne d’ailleurs un peu plus lourd (plus rock ?), au point malheureusement de rendre légèrement moins audible la voix et les textes toujours superbement ciselés de Tété. Malgré ce petit regret personnel, ce 3ème album studio contient de superbes morceaux taillés sur mesure qui sont d’ailleurs très vite devenus d’excellents singles radiophoniques comme les titres « Madelaine, Bas-de-Laine » et « Fils de Cham » ; mais aussi des mélodies toujours aussi originales et efficaces, ma préférence allant à « Anna Lee soleil », « Mon Trésor » et surtout l’excellente « La Relance » (trop trop bon !).

Concert :

Fin 2006 à l’Antipode (MJC) de Rennes, les morceaux « pêchus » du « Sacre des Lemming… » prennent en live toute leur dimension, et une nouvelle fois l’ami Tété et son groupe (auquel s’est ajouté une choriste) nous rempli les yeux et les oreilles de plaisir concentré. Très en verve sur scène et maniant l’ironie sans oublier de faire transparaître le fond de sa pensée, il ne peut s’empêcher d’évoquer par exemple les présidentielles qui approchent et qu’il redoute… Pour le deuxième semestre 2007, la tournée du « Sacre des Lemmings… » se poursuivra au Japon, puis après quelques dates en France et en Suisse, Tété fera découvrir sa pop/folk sautillante aux antipodes australiennes.

Et sinon autre chose ?

Entre autres collaborations, Mayra Andrade, Navegaj’ai découvert au hasard de mes explorations « webesques » que Mister Tété (Mahmoud Niang de son vrai nom d’après le site de la SACEM) avait par exemple écrit une superbe chanson intitulé « Comme s’il en pleuvait » pour « Navega » 1er album de la jeune et jolie chanteuse capverdienne Mayra Andrade. Ce titre servi par une magnifique mélodie, est le seul chanté en français sur le disque (que je me suis empressé d’acheter), mais l’ensemble vaut véritablement le détour pour ceux qui apprécient les belles voix et les influences musicales brésiliennes.

Toujours sur le site de la SACEM, il semble qu’une dizaine de titres écrits par Tété soient en cours d’immatriculation, ce qui me fait dire que, peut-être (je dis bien peut-être), ces morceaux sont ceux qui pourraient figurer sur son prochain album (2009 ?). La liste : « Blue », « FFW2 Master A », « La panne des sens », « La pluie de septembre », « Le long de la rivière », « Marie-Jo », « Si j’avais eu un chien », « Notre Dame », « Jimmy James », « La roue tourne ». J’en trépigne déjà d’impatience !

Pour conclure, je conseille évidemment à tout amateur de bonnes vibes qui ne connaîtrait pas (ou mal) l’ami Tété de découvrir de toutes urgences ses quatre enregistrements principaux ; mais surtout, pour réellement apprécier la personnalité si attachante de cet artiste, je recommande d’aller le voir sur scène. En tous cas pour ma part ce qui est certain, c’est qu’en écrivant ce long billet je me suis rendu compte du caractère inconditionnel de ma « Tété-mania ». J’assume : je suis un « Féféfart-lifer » selon le terme consacré par Tété lui-même ! Meilleures preuves de ma quasi-addiction aux chansons de Tété (outre la belle affiche sous verre accrochée sur le mur de mon salon) : il y a 3 ou 4 ans lors d’un long déplacement en région parisienne, un soir, à deux pas de mon hôtel, comme un gamin je n’ai pas résisté à l’envie de passer « Passage Brady », pour voir si à tout hasard je n’y croisais pas le personnage de la chanson…

Liens :

– Le site officiel : http://www.teteonline.com/
- Son site de vidéos : http://www.tete.tv/
- Son blog : http://fefefartblog.blogspot.com/
- Sa page myspace : http://myspace.com/tete75 (pour écouter quelques morceaux en ligne)
- Acheter les albums sur amazon.fr : ici

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